Politique: La Junte nigérienne se dit ouverte aux pourparlers alors que Poutine et les États-Unis insistent sur la Paix
La Junte nigérienne se dit ouverte aux pourparlers alors que Poutine et les États-Unis insistent sur la Paix
Les puissances occidentales et les gouvernements démocratiques africains ont demandé aux putschistes de rétablir dans ses fonctions le président déchu Mohamed Bazoum, mais les chefs militaires ont rejeté cette demande.
La junte a déclaré mardi qu’elle était ouverte à des pourparlers pour résoudre la crise régionale provoquée par le coup d’État militaire du mois dernier, tandis que la Russie et les États-Unis ont appelé à une résolution pacifique.
Les puissances occidentales et les gouvernements démocratiques africains ont demandé aux putschistes de rétablir dans ses fonctions le président déchu Mohamed Bazoum, qu’ils détiennent depuis le 26 juillet, mais les chefs militaires ont refusé et rejeté les tentatives de négociation.
Les chefs des armées d’Afrique de l’Ouest se réuniront jeudi et vendredi au Ghana pour se préparer à une éventuelle intervention militaire, que le principal bloc régional, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a menacé de lancer si la diplomatie échouait.
Toute intervention militaire pourrait déstabiliser davantage le Sahel appauvri, où une insurrection menée par des groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique a déplacé des millions de personnes au cours de la dernière décennie et alimenté une crise de la faim.
“Nous sommes dans un processus de transition. Nous avons expliqué les tenants et les aboutissants, réitéré notre volonté d’ouverture et de dialogue avec toutes les parties, mais nous avons insisté sur la nécessité pour le pays d’être indépendant”, a déclaré Ali Mahamane Lamine Zeine, qui a été nommé premier ministre par les militaires la semaine dernière.
Il s’est exprimé après avoir rencontré le président tchadien Mahamat Deby, qui a organisé son propre coup d’État en 2021. Le coup d’État du Niger est le septième en Afrique occidentale et centrale en trois ans.
Le coup d’État et ses conséquences ont attiré les puissances internationales ayant des intérêts stratégiques dans la région.
Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu mardi avec le chef militaire du Mali au sujet du récent coup d’État au Niger voisin, un appel susceptible de susciter l’inquiétude des gouvernements occidentaux qui craignent une influence croissante de la Russie dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest.
M. Poutine “a souligné l’importance d’une résolution pacifique de la situation pour un Sahel plus stable”, a déclaré le président intérimaire du Mali, M. Assimi Goita, sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement connue sous le nom de Twitter.
La porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, a déclaré que l’administration du président américain Joe Biden s’engageait à trouver une solution diplomatique et que le Niger était un partenaire qu’elle ne voulait pas perdre.
Mme Singh a refusé de qualifier la prise de pouvoir de coup d’État, mais a déclaré qu’elle “ressemblait certainement à une tentative de coup d’État”.
Entre-temps, la CEDEAO a le soutien du bloc régional de l’Afrique centrale, la CEEAC, dans ses efforts pour renverser le coup d’État du Niger et rétablir l’ordre constitutionnel, a déclaré mardi le président nigérian et président de la CEDEAO, Bola Tinubu.
“Je comprends la crainte de notre peuple face à toute forme d’action militaire. Nous nous efforçons de maintenir les sanctions en place et nous les suivons à la lettre”, a-t-il déclaré dans un communiqué.
L’influence de la Russie en Afrique de l’Ouest s’est accrue alors que celle de l’Occident s’est affaiblie depuis le début d’une série de coups d’État. Les chefs militaires du Mali et du Burkina Faso ont chassé les troupes de l’ancienne puissance coloniale française et renforcé leurs liens avec Moscou.
Au Mali, le gouvernement militaire a également fait appel à des mercenaires du groupe russe Wagner, qui ont été accusés d’exécuter des civils et de commettre d’autres graves violations des droits de l’homme.
Sous Bazoum, le Niger est resté un allié occidental. Les États-Unis, la France, l’Allemagne et l’Italie y ont stationné des troupes dans le cadre d’accords avec le gouvernement civil aujourd’hui déchu.
M. Poutine a appelé à un retour à l’ordre constitutionnel au Niger, tandis que le chef de Wagner, Evgeniy Prigozhin, a salué la prise de pouvoir de l’armée et offert ses services.
Le soutien à la Russie a semblé augmenter au Niger depuis le coup d’État, les partisans de la junte brandissant des drapeaux russes lors de rassemblements et appelant la France à se désengager.
Les putschistes nigériens ont révoqué une série d’accords militaires avec la France, bien que Paris se soit dédouané en déclarant qu’il ne les reconnaissait pas comme des autorités légitimes.